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Le harcèlement de rue : La plaie non traitée de la société tunisienne :
Rien, ni personne ne peut de nos jours contester la place de la femme au sein de la société tunisienne. Elles sillonnent les rues, prennent les transports publics, occupent des places d’envergures dans le monde du travail. Il serait aberrant aujourd’hui de devoir rappeler et recenser ces vérités, car la femme tunisienne occupe depuis des décennies la place qu’elle mérite.

Pourtant, la réalité quotidienne est toute autre. Si par sa force et sa témérité elle a su mettre à mal le harcèlement physique, il reste néanmoins une plaie ouverte qui se gangrène de jour en jour, celle de le harcèlement de rue. Par harcèlement de rue nous entendons évidemment ces tentatives d’approche masculines qui ont souvent la bonne idée de flatter la femme en l’assimilant à un « vagin » plutôt que de lui dire qu’elle est belle. Depuis son plus jeune âge, on apprend à la jeune fille que le seul moyen efficace de ne pas se faire des problèmes dans la rue c’est de ne pas broncher aux techniques de dragues, aussi contestables qu’elles puissent être. Cela n’a pourtant pas privé certaines d’insultes après avoir ignoré un compliment (compte tenu de la vulgarité habituelle du langage, ça ne l’est pas toujours), ni d’un florilège d’obscénité tendant à mettre au goût du jour la frustration et le manque apparent d’activité sexuelle de la dite demoiselle, suite à son manque de réceptivité au « compliment » en question.

Certaines opteront pour la réplique. Mais l’insulte engendre l’autre et elles n’en sortent pas pour autant gagnantes. D’autres penseront fortement à caillasser la voiture de celui qui l’insulte, mais préféreront intérioriser leur colère et passer leur chemin. Car juridiquement, que permet la loi aux femmes harcelées verbalement ? Si la loi punit la violence physique dans toutes ses formes, les sanctions entreprises à l’encontre des violences morales n’en restent pas moins très aléatoires. Porter plainte pour un harcèlement verbal aussi anodin qu’il puisse paraître aux yeux de la loi peut s’avérer extrêmement difficile. De plus, une gifle passera difficilement pour légitime défense, et la victime devient facilement l’accusé.

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Une société tunisienne profondément déchirée :
Derrière cette manie quasi instinctive de certains hommes à aborder les femmes de manière aussi violente, se cache un profond malaise. D’abord, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la peur engendre la violence. Peur de l’autre mais surtout, peur de la gente féminine. L’évolution de la société tunisienne a fait en sorte que les mentalités n’évoluées pas de manière proportionnelle. Certains aspects du progrès social sont restés au stade primaire voire, enfantin. N’avons-nous pas tous connu dans notre enfance ce petit garçon qui, ne sachant pas comment ménager et exprimer ses sentiments pour une fille de sa classe, commence à lui taper dessus et à en faire son bouc émissaire ? Ce comportement puéril qui perdure jusqu’à l’âge adulte révèle donc une certaine ignorance et un manque d’expérience alarmant dans ce qui est des relations humaines.

Plusieurs facteurs peuvent rentrer en jeu : la condition sociale ou familiale dans laquelle l’individu évolue, ainsi que sa psychologie car, pour rester dans le paradoxe, le manque de confiance en soi peut également être à l’origine de la violence verbale. Certains hommes, prenant conscience de leur incapacité à plaire aux femmes qu’ils croisent dans la rue, choisissent de les repousser en les harcelant : pourvu qu’ils se fassent remarquer.

Notons également qu’une certaine influence de l’occident a jouer un rôle considérable dans la constitution de la mentalité contemporaine, la société tunisienne se trouvant déchirée entre ardeur traditionaliste et volontés progressistes, entre sacralisation de la Mère et chosification de la Femme.

Syrine Jemour


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