brahemC’est l’humanisme qui me fait écrire ce soir, des lettres écrites par le sang d’un martyr, nouveau martyr et peut-être pas le dernier.

Mohamed Brahmi, coordinateur général du Courant populaire, député et nationaliste arabe a été lâchement et sauvagement assassiné ce jeudi, date symbolique pour la Tunisie soit la fête de la république qui correspond au 25 juillet. Onze balles ont tué Brahmi, un autre symbole, onze balles pour un million de Tunisiens relativement confiants que la Tunisie ait retrouvé un certain « calme », fin de l’espoir, rêves en suspend, le sang de Brahmi a coulé pour nourrir cette terre noble, de bravoure, de courage et d’engagement.

Quatorze balles et non Onze ont tué Brahmi

Certains vont sûrement commenter cet article en rappelant que quatorze balles ont traversé tête et jambes du martyr, mais peu importe le nombre de balles ou le nombre de fois où il a crié se sentant trahi, par ses propres frères, frères de la patrie, frères de la nation, combien de filles a-t-il laissé, sans papa, un 16 ème jour du mois sacré qui est celui du ramadan comme Chokri Belaid a laissé deux orphelines fières et dignes…

Sarah est un autre prénom pour une autre orpheline

Sarah, ses trois sœurs et son frère ont perdu leur père mais ils n’ont pas perdu leur courage. Chaque intervention de ces grands-petits enfants vaut de l’or, chaque parole me rassure, me submerge d’espoir que j’ai cru perdre au moment ou j’ai appris la triste nouvelle, qui a mis KO tous les Tunisiens – ou presque – .

La Tunisie orpheline de ses enfants

Même moustache, même grain de beauté, même combat, même engagement, même sort, Chokri et Mohamed ont été tués de la même façon à six mois d’intervalle en plongeant la Tunisie dans un deuil profond, un jour de fête.

Sa veuve, ce modèle

Derrière chaque grand homme il y a une femme, un Che, Basma Khalfaoui Belaid nous a démontré à quel point la femme tunisienne pouvait être digne et forte, Mbarka Brahmi, veuve de Mohamed Brahmi n’a pas rompu les traditions, elle s’est affichée, forte, déterminée et courageuse déplorant haut et fort l’assassinat de son époux, dans leur domicile. Elle a fièrement appelé tous les tunisiens a désobéir, à se révolter et a faire éclater la vérité sur ces meurtres qui sont que nous le voulons ou pas étranges à la société tunisienne, une vraie leçon de courage, signée par une fille de Sidi Bouzid , berceau de la révolution.

La désobéissance arrive, le sang des Tunisiens ne doit pas être banalisé

Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, et ami de feu Chokri Belaid et feu Mohamed Brahmi a appelé «les Tunisiens, de toutes les régions, à la désobéissance civile jusqu’à la chute de la coalition au pouvoir et à la dissolution de l’Assemblée nationale constituante». D’ailleurs en ce moment même, des manifestations ont démarré un peu partout dans le pays de Sidi Bouzid, à Sousse au Bardo en face du siège de l’ANC, l’avenue Habib Bourguiba a été investie par des manifestants furieux et insurgés qui sont venus montrer leur colère, leur rage et rappeler aux fascistes obscurantistes qui n’ont aucun problème à appuyer sur la détente et torturer les Tunisiens que la Tunisie est une terre de paix, que le sang de ses hommes vaut bien plus que leur lâcheté non stratégique.

Le « Tammarod » tunisien signe donc son entrée, en force pour mettre terme à la propagation de la violence, au terrorisme intellectuel et politique et à la discorde provoquée par ce gouvernement afin préserver ses propres intérêts au détriment de la vie des Tunisiens.

Tunisiens indignez- vous, révoltez-vous, désobéissez avec conscience

Un vif débat a eu lieu ce soir entre moi-même, auteur de cet article et « A » une personne proche de mon entourage sur une citation de Georges Orwell qui dit :

« Ils ne se révolteront que lorsqu’ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu’après s’être révoltés ».

Vous l’aurez compris, la conscience doit précéder et suivre tout acte de révolution. Le sang de Chokri et Mohamed ne doit pas couler en vain, il faut procéder avec sagesse et réflexion, le mot d’ordre est indignation, union, unissez-vous pour vaincre ce cancer qui nous a envahis, qu’il soit interne, héréditaire ou provoqué par des agents pathogènes, il doit être vaincu, au plus vite, en ce n’est pas en faisant couler plus de sang qu’il le sera.

Je rappelle que ‪ Mohammed Brahmi est membre du comité de tri d candidatures de l’ISIE et qu’il a prévenu de la non indépendance des candidats, je n’accuse personne mais j’appelle le gouvernement à ne pas confondre légitimité et irresponsabilité, il n’y a plus de légitimité après le bain de sang, le drame efface toute trace de légitimité masquée par l’inertie et la passivité politique, les armes qui rodent auraient dû être interceptées, les appels à la violence dans les mosquées, interrompus, bref, l’engagement n’est pas chose aisé et la taille de la responsabilité gouvernementale et politique des coalitions frise l’indifférence voire l’inconscience.

Vous avez tué deux hommes mais vous avez ressuscité toutes les femmes

La lâcheté des obscurantistes les a empêchés de s’approcher des femmes, ces femmes présentes partout, dans les rues, lors des manifestations, sur les scènes de crimes, ces femmes qui seront présentes par millions, demain, lors de l’enterrement national du héros, Mohamed Brahmi, qu’il repose en paix.

Soyez nombreux donc pour honorer la mémoire du martyr Mohamed Brahmi, demain nous avons le devoir d’honorer sa famille, demain nous avons le devoir d’honorer la Tunisie qui pleure ses enfants morts pour qu’elle reste digne, fière et libre, demain nous avons le devoir d’être des millions pour les funérailles du martyr.

Repose en paix

M.E.B


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