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JCC 2012 Clap 4ème……«Moteur? Ça tourne!»

« Le dernier mirage», de Nidhal Chatta… 
Un mirage, c’est quelque chose qui apparaît, comme une bonne surprise au départ, qui vous mène et vous entraine, parfois très loin et qui, à la fin, vous déçoit… le titre bien trouvé vous donne une idée de l’impression que le film vous laisse. Pourtant, tout n’avait pas mal commencé et « Ce dernier mirage » a bien des qualités qui font qu’on attend quand même jusqu’au bout une étincelle qui malheureusement, ne viendra pas.

D’abord il  y a la lumière, celle du désert, magnifique, celle des intérieurs, le tout travaillé, apprivoisé par Mohamed Maghraoui, le directeur photo, qui nous a offert là une très belle composition. Et puis le cadre, peaufiné, que les plans soient larges ou resserrés, comme des tableaux. Les décors sont de toute beauté, le chott, les plateaux découpés comme des dents de pierre, les ruelles du borj…tout est particulièrement bien choisi, une vraie ode au sud tunisien.  Et puis il y a Jean-Marc Barr, qui crève l’écran à chaque instant. Autre belle surprise du casting, même si après coup son rôle apparaît comme manquant vraiment de consistance, Elisa Tovati, héroïne entre autres de « La vérité si je mens ».

Hichem Romstom et Moez Mrabet font quasiment là de la figuration… Monem Chwayete, en flic énigmatique, participe au mystère ambiant et à l’attente de ce quelque chose qui ne viendra pas. Si au début, son personnage plutôt introverti, observateur, ne laissant rien paraître peut convaincre ou faire penser qu’il cache un feu de braise, son apathie et son côté lisse, quand il ne réagit même pas à la trahison de Salima (Elisa Tovati), finit par lasser le spectateur …

Lotfi Dziri est juste en méchant très méchant, perfide mais on ne comprend pas pourquoi. Car le problème du film est là, le scénario reste presque aussi énigmatique que l’inspecteur joué par Monem Chawyete malgré un rythme soutenu. Nidhal Chatta a-t-il voulu faire un thriller ou un film de dénonciation politique ? S’est-il essoufflé au bout de ces 8 années d’un long combat pour faire aboutir le film ? Les événements ont-ils détourné Nidhal Chatta de sa route ?

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L’histoire : au moment de l’invasion de l’Irak en 2003, Hichem Rostom, sauve du pillage organisé du Musée archéologique de Bagdad, un vieux manuscrit, de l’époque Haroun, Errachid, « le troisième infini », démontrant que les arabes avaient découvert la théorie de l’évolution des espèces dix siècles avant Darwin. Blessé par les soldats américains, il confie le trésor à un pilote chargé d’emmener ce document unique en Tunisie où il doit le réceptionner. C’est comme ça que le film commence.

Jean-Marc Barr alias le professeur Livingston, un biologiste spécialisé dans les insectes, tombe en panne dans le chott. Un ou deux meurtres plus tard, on se dit qu’on est là dans un thriller qui va nous révéler l’immense secret du manuscrit disparu, un secret qui va bouleverser notre connaissance de l’histoire de l’humanité, une sorte de Da Vinci Code à la tunisienne… mais finalement le secret demeure. En revanche, les meurtres continuent sans qu’on comprenne pourquoi, pourquoi Lotfi Dziri tue-t-il ? Pourquoi Livingstone l’imite-t-il ? Son revirement de dernière minute en salaud, espion américain à la solde de Bush chargé de récupérer le manuscrit ne tient pas.

Et tout à coup, ce personnage qui, dans la version originale du scénario était anglais, cristallise toute la haine que les musulmans vouent aux américains, haine exacerbée par le contexte sanguinaire de Gaza…au point que dans la salle, les insultes fusaient et il y a même eu des applaudissements, lorsque, -la morale est sauve-,  la vengeance contre l’envahisseur éclaboussa de sang l’écran… sans tiquer une seconde sur une Salima égorgeant le père de son enfant (on s’interroge encore sur l’intérêt de cette grossesse dans l’histoire).

Peu importe si le propos était de faire un film policier à tiroirs, pourquoi pas ? Mais ce qui dérange c’est que l’histoire ne révèle aucun mobile, que les meurtres paraissent dénués de sens. On pense que le manuscrit donnera les réponses. Même pas ! « Le dernier mirage » serait-il un film politique ? Un réquisitoire contre l’impérialisme américain et un cri de rage contre l’ignominie de la guerre en Irak… Dans ce cas, pourquoi le dissimuler sous une couche de mystère et d’assassinats prémédités au risque de noyer complètement le propos ? Et pourquoi la même tension, la même lourdeur étouffante, du début à la fin… Même dans les grands thrillers noirs, quelques pauses de respiration allègent et permettent au spectateur de respirer…ici, non, on est toujours sous pression…

On sort de là avec un goût d’inachevé… comme lorsqu’on a cru longtemps atteindre quelque chose et que l’on apprend que cela n’existe pas. Nous aussi on a foncé tout droit vers ce dernier mirage !

Florence Pescher

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