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Le racisme, un sujet pas tabou en Tunisie

societe_le-racisme-un-sujet-pas-tabou-en-tunisieSe demander si les Tunisiens sont racistes, c’est absurde, car la plupart nous dirons : «Non, moi ? Jamais». Ils le disent par hypocrisie ou pour autre chose. Le racisme existe bel et bien depuis des décennies dans notre pays, mais il était jusque-là un immense tabou.

Dans l’année 2011-2012, l’avocate Raja Haj Mansour, a entamé une compagne de diffamation contre Néjiba Hamourni, présidente du syndicat des journalistes. L’avocate a comparé la journaliste à un singe! Celle-ci est traitée de «vieille noire» dans le journal en langue arabe Al Massa. Néjiba a déposé une plainte pour racisme mais l’histoire n’a pas eu de suite.

Les exemples n’en finissent pas, le racisme est mis en évidence envers les noirs étrangers comme les subsahariens qui viennent pour faire leurs études en Tunisie. On ne trouve pas des gens haut placés dans les postes de direction, en administration ou en affaires. On ignore encore les personnes qui portent plainte pour dénoncer des actes de racisme.

Et le mariage mixte ! Il est plus ce que tabou. Pour l’anecdote, la phrase qui revient souvent quand on parle de racisme est la suivante : «Demander à quelqu’un s’il est raciste, il vous répondra évidemment que non; demandez-lui s’il pourrait épouser une ou un noir(e), sa réponse sera non».

En Tunisie, il est très difficile pour une famille du nord d’accepter que sa fille ou son fils se mari(e) avec quelqu’un du sud.

Ceci étant, sur le plan individuel, on peut penser que les filles sont moins racistes que les garçons, pour une raison ou une autre. Car, dans la vie quotidienne, on voit de plus en plus de garçons noirs (tunisiens ou étrangers) épouser des filles blanches, alors que l’inverse est extrêmement rare.

Les appellations utilisées dans la rue

«Ya Kahlouch, Ya oussif (nègre) qui renvoie à la terminologie de l’esclave, Guiraguira, ababid, guird, lasmar, Hé le noir…».

Pourquoi?

Pour l’historien Abdelhamid Larguèche, ce mauvais usage est dû à un problème d’éducation où l’histoire des noirs de Tunisie et leur apport dans la culture tunisienne sont absents dans nos manuels scolaires comme de l’enseignement universitaire. La plupart des Tunisiens ne savent pas d’où sont venus les noirs de Tunisie et que certains Tunisiens du sud ont encore inscrit sur leur acte de naissance le nom du «maître» dont ils ont été affranchis.

Une lueur d’espoir

L’association ADAM pour l’égalité et le développement, première association de défense des droits des noirs, lutte contre cette discrimination. Cette association s’est formée au cours de l’année 2011 et est présidée par Taoufik Chairi. L’association voudrait développer le droit des minorités (10% à Tunis), faire renaître le patrimoine culturel des groupes marginalisés et défendre les principes de justices et de tolérance.

Chiraz Bouzaein

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