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Poser ou manifester nue, une nouvelle forme de féminisme ?

Trois ans avant la révolution et les dérives islamistes que nous connaissons aujourd’hui, Hanane Zemali, jeune femme tunisienne émigrée en Italie, a lancé un nouveau mouvement féministe : protester par la mise à nu. Il y avait déjà le nu artistique, il y aura désormais le nu révolutionnaire, où le corps devient un outil de protestation et de revendication. Depuis, d’autres lui ont emboîté le pas à l’instar de Nadia Boussetta ou de Alia Magda Ehmahdy, l’égyptienne qui osa poster sur son blog en novembre dernier, une photo d’elle entièrement nue.

L’objectif ? Faire valoir les droits des femmes à disposer de leurs corps et lutter contre le machisme… Puisque le moindre millimètre de peau visible les excite ou les effraye, se montrer entièrement nue les obligera à les considérer pour ce qu’elles sont à l’intérieur, à entendre leurs voix.

Si la démarche de Alia Magda Ehmahdy a été bien accueillie en Occident, il n’en n’est pas de même dans son propre pays, où elle a reçu, depuis, beaucoup de menaces. Qu’importe, elle tient bon et refuse d’enlever les clichés de son profil. Qu’on ne s’y trompe pas, on est loin d’une Cicciolina, et des tendances exhibitionnistes, qui, dans les années 80, se pavanait quasi nue sur les bancs du Parlement italien juste pour revendiquer son statut d’actrice X ; le combat de ces nouvelles Eve n’a rien à voir avec ça.

Certes, le droit à disposer de son propre corps induit bien sûr le droit à une sexualité libre mais pas que ça. C’est, à l’inverse, une manière pour ces femmes de lutter contre le sexisme, l’hypocrisie, le harcèlement sexuel, la violence en dévoilant d’un coup ce qui fait tant fantasmer les hommes. « Vous voulez des femmes ? Et bien voilà regardez-les ! », la nudité créant l’effet contraire puisqu’au final, à part les voyeurs invétérés, l’exposition du corps nu fait détourner les yeux et les clichés véhiculés sur les femmes. L’idée est donc d’utiliser la provocation pour faire valoir ses droits, et revendiquer la liberté d’expression.

Déjà le mouvement a séduit les Canadiennes, les Tunisiennes et les Israéliennes, qui, lorsqu’elles ont entendu parler des menaces adressées à Alia, ont décidé de la soutenir en posant nues elles aussi, et en faisant circuler les clichés au sein de tous les médias nationaux et internationaux. Les Ukrainiennes, elles, ont créé dès 1998,  le Femen pour faire entendre leur voix, lutter contre le tourisme sexuel et la prostitution dans leur pays,  mais aussi soutenir les femmes Saoudiennes, par exemple, pour revendiquer leurs droits élémentaires. Quant aux «Slutwalks» (la marche des salopes), elles défilent volontairement en tenues légères pour dénoncer les viols commis par les hommes au nom d’une tenue affriolante érigée comme une excuse valable ou justification.

En France, cette nouvelle forme de féminisme ne fait finalement pas recette, et dans les pays méditerranéens, ces femmes sont conspuées. Est-ce que cette nouvelle forme de combat fera réellement avancer la cause des femmes ? Il est encore trop tôt pour le dire. Et vous, qu’en pensez-vous?

Charlotte Carli

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