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Partage des tâches ménagères dans le couple, mythe ou réalité?

Quelle que soit leur culture ou leur société d’origine, les femmes continuent d’assumer la plus grande part du noyau dur de la charge domestique. Une enquête faite par l’Unité de surveillance de la situation de la famille émanant du ministère des Affaires de la femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées a montré que les femmes passent cinq heures et quinze minutes par jour aux travaux ménagers, en particulier le nettoyage.

CHERA3 WA DAR (extérieur et maison)
Pour une femme, cette expression est pratiquement un compliment. C’est une manière de lui dire qu’elle réussit à jongler entre vie professionnelle et vie personnelle. En effet, aujourd’hui être femme implique être sur tous les fronts et toucher à la perfection. Il faut avoir un job, être mariée et mère de famille, savoir cuisiner, et avoir un intérieur bien tenu, des enfants bien éduqués avec un carnet scolaire exemplaire, un mari comblé et satisfait, un agenda social rempli et bien sûr un mine fraîche toute la journée.

Nous avons le regret de vous annoncer qu’à Baya, nous n’avons pas rencontré cette “wonder woman”. Et pourtant, nous en avons recueilli des témoignages! Ce qui guette les femmes c’est surtout le surmenage! Le partage des tâches dans les foyers tunisiens reste très utopique. Ce sont encore et toujours les femmes qui s’y collent!

Ce n’est pas par amour du ménage que les femmes le font. C’est une question d’éducation, d’inconscient collectif. Dès leur plus petite enfance, on leur a assigné cette tâche. Rares sont les mamans tunisiennes qui vont demander aux garçons de participer au même titre que les sœurs. Le phénomène se trouve déjà dans la poupée ou la dînette et le mécano ou le légo, le rôle de chacun est défini par avance.

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Même l’environnement se charge de perpétuer ce schéma à travers les jouets, les livres ou la télévision. Même si les jeunes couples ont souvent le désir de les partager, il n’est pas certain que ces bonnes résolutions se maintiennent dans la durée.

Témoignages :
Iheb : « Je n’aide pas Molka à faire le ménage : nous en faisons autant l’un que l’autre. Lessive, repassage, vaisselle. Tout en nous adaptant à l’emploi du temps de l’autre, ayant des horaires très différents : celui qui est en congé en fait plus que celui qui travaille. Tout vient de mon éducation. Nos parents nous ont élevés, mon frère et moi, avec deux idées fortes: les femmes et les hommes sont totalement égaux. Par conséquent, tout le monde participe aux différentes tâches ménagères. Et puis, comme mes parents ont divorcé, je les ai observés, dès l’âge de 8 ans, vaquant à leurs tâches ménagères chacun de son côté. J’ai donc compris qu’un homme est parfaitement capable de tenir une maison. Et puis, j’ai pris l’habitude de demander à ma mère si je pouvais l’aider, pour m’occuper … De son côté, aînée d’une fratrie où elle jouait le rôle de petite maman, Molka, qui a dû s’éduquer elle-même à l’égalité domestique, n’en est pas revenue».

Sarra, 50 ans, médecin, mariée et mère de trois enfants.  « C’est vrai que j’ai du personnel, mais je ne peux pas m’occuper de l’intendance de la maison. Demander de l’aide à mon mari ? Tu rigoles j’espère. Je me souviens qu’un jour de Ramadan, nous avions des invités. Un cas d’urgence m’avait retenue tard au cabinet. Quand je suis arrivée à la maison, une demi-heure avant la rupture du jeûne, il n’avait même pas fait l’effort d’acheter le pain. »

Où en est-on du partage des tâches aujourd’hui selon vous ?

C.B

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