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Tunisie: Les sado-maso… enquête et témoignages

psycho_tunisieles-sado-maso-enquete-et-temoignagesJe vois, en vente en Tunisie, sur des pages spécialisées sur les réseaux sociaux, des menottes en moumoute, des ceintures en cuir, des fouets et cravaches, des laisses, des tenues en semi-cuir ou en vernis noir, des bâillons et autres trucs en métal… Et je me demande : « bon sang, mais qui en Tunisie achète ce genre d’accessoires ! ». Pourquoi faire subir ou subir le mal quand on devrait faire l’amour ? En quoi la douleur peut-elle être source de plaisir ? Pour trouver des réponses à ces questions, je me suis adressée, au départ,  au psychologue clinicien  Dr Sami Harakati.
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Il nous explique que le sadisme signifie le plaisir de faire mal à autrui et que le masochisme est le comportement de la personne éprouvant du plaisir dans la douleur morale ou physique subie. ” la tendance « sado-maso » indique d’emblée trouble de l’orientation sexuelle ; dans la mesure où le plaisir sexuel se trouve dévié“. Le docteur Sami Harakati souligne que “la souffrance au sein d’un couple sado-maso n’est pas exprimée lorsque les deux partenaires ont la même orientation ; c’est-à-dire que les deux sont masochistes ou  que les deux sont sadiques ou qu’il s’agit d’un partenaire d’une sexualité normale et d’un autre sado ou bien maso”.

Il souligne que la tendance « sado-maso » pourrait être le reflet d’un dysfonctionnement relationnel dans la mesure où le plaisir sexuel ne suffit pas en lui-même et que le couple tente de renforcer la satisfaction par une déviation sexuelle de type sado-maso. Cette déviation sexuelle pourrait aussi refléter une certaine mentalité, quand l’homme emploie la violence pour prouver inconsciemment qu’il est le dominant dans le couple ; et à l’inverse sa partenaire se soumet à son agression pour prouver qu’elle est bien ce qu’on qualifie de “bent ayla” qui accepterait tout venant de son époux”.

L’origine de ces termes « sadisme » et « masochisme » : Le mot « sadisme » vient du Marquis de Sade qui est un écrivain érotique du 18ème siècle. Quant au mot « masochisme », il vient de Sacher Masoch, écrivain qui a mis en scène des femmes dominatrices à la fin du 18ème siècle. Ce dernier montre que ce sont des hommes qui ont un fort pouvoir social, donc dominants dans la société, qui  ressentent dans leur intimité le besoin d’être dominés, soumis, battus et humiliés par des maîtresses avec fouets et les tenant en laisse comme des animaux.
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 Témoignages:

Haifa : « Avec mon époux, c’est un mariage d’amour et de passion. Au début, il a commencé à me demander au lit de le griffer, jusque là c’était acceptable. Ensuite, il a voulu que je le gifle et que je lui donne des coups de fouet avec un ustensile de cuisine qu’il est parti chercher lui-même ; la première fois, ce jour-là, j’ai failli douter de sa santé mentale ; mais il m’a expliqué que cela augmente son excitation, alors j’ai joué le jeu. Ce que je déteste, c’est quand il me demande de « l’étrangler ». Bon, il ne tombe pas dans les pommes, mais il s’agit de lui couper le souffle quelques petits instants. Je continue à le faire par amour, sans doute, car me concernant cela ne me procure aucun plaisir à part le fait de le satisfaire ».

Slim : « J’aime bien donner des fessées à mes partenaires. C’est venu comme ça une fois. J’ai trouvé ça génial et du coup j’ai voulu essayer d’autres trucs. Rien de méchant jusque là ! De plus, je demande toujours l’autorisation à la fille de l’attacher au lit, lui pincer les parties intimes ou la mordiller. Je ne m’autoriserai jamais à dépasser ces petits jeux indolores pour faire vraiment mal.

Une autre chose que je pratique, avec la permission de ma partenaire, évidemment, c’est de l’insulter avec des mots vulgaires en la tenant en laisse à quatre pattes. Pourtant Dieu sait combien j’ai du respect envers mes copines. Elles le savent et me connaissent bien, donc elles sont consentantes et me font confiance.»

Nour : « Les débuts de soirée commençaient bien avec mon ex-mari ; avec beaucoup de courtoisie. Mais, au moment de passer à l’acte, les gifles et les coups partaient sans retenue pour atteindre mon corps. Quand je lui demandais pourquoi cette haine et cette violence, et pourquoi devoir me violer alors qu’il pourrait tout avoir de moi sans passer par l’humiliation, il répondait que cela est plus jouissif pour lui et que je devrais m’y soumettre par devoir conjugal. Pour lui, être sa femme c’est être sa poupée qui subit tout pour satisfaire ses tendances sadiques au lit. Son refus d’aller consulter un sexologue m’a poussée à demander le divorce. »

 Sonia Ben Jaballah

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