Dans une ambiance aux couleurs d’antan, où chaque coin raconte l’architecture de la vieille médina, conçue comme une œuvre contemporaine qui revisite le passé, se dresse le musée Safia Farhat des Arts à Rades, dans la banlieue sud de Tunis.

Inauguré vendredi soir, le musée abrite une exposition de tapisseries de différentes tailles et formes et des images abstraites et de la vie quotidienne qui décorent le grand hall de la demeure de la défunte. La plasticienne Aicha Filali, initiatrice de ce projet, parle d’un “patrimoine à l’image de l’esprit et du monde de Safia Farhat”, plasticienne qui fût longtemps passionnée par la tapisserie.






Dans ce lieu habité par le calme et le parfum de l’histoire, où règne seulement la voix de l’esthétique artistique, Aisha Filali dit avoir voulu réaliser une partie des rêves de la défunte, par la création d’un Musée qui abrite ses effets personnels et un noyau portant une partie d’une mémoire qui fût longtemps vouée à l’oubli.

Fervente croyante dans l’importance de l’art, Safia Farhat avait grandi durant la période coloniale et était la première à diriger en 1966 l’Ecole des Beaux-arts de Tunis, où elle était également enseignante. Elle fût parmi les pionniers de l’Ecole de Tunis, où les différents courants artistiques se réunissaient, depuis le milieu du siècle dernier, autour de l’idée d’établir un courant artistique local qui traduit la spécificité culturelle d’une Tunisie ancrée dans son patrimoine et ses racines.

Safia Farhat incarnait ces références patrimoniales, en usant de l’artisanat et les métiers d’art traditionnels, au moyen des techniques et compétences locales pour en faire des tapisseries qui l’avaient habilitée à participer à des expositions organisées par l’Ecole de Tunis, en Tunisie et à l’étranger.

L’artiste disparu Abdelaziz Gorgi était le compagnon de sa quête artistique, avec qui elle avait fondé une société spécialisée dans le décor des espaces. Elle avait aussi contribué à la création du magazine féminin “Faiza”, destiné à l’époque à l’encadrement de la femme tunisienne et sa cause, à l’aube de l’indépendance.

A l’école des Beaux-Arts, elle avait entamé une réforme globale des méthodes d’enseignement et du contenu des programmes, au moyen de contrats avec l’Université de la Sorbonne à Paris et des écoles d’architecture en Suisse. Nées de son obsession constante à faire évoluer la pratique artistique, en particulier la lutte contre cette vision “d’infériorité” vis-à-vis de l’artiste, ces réformes ont fini par élever, en 1973, l’école des Beaux arts au rang d’une institution universitaire académique.

Après avoir pris la retraite anticipée, Safia Farhat était entrée dans une nouvelle expérience à travers la création du centre des arts vivants, premier noyau de ce nouveau musée inauguré vendredi et placé sous la tutelle du ministère des Affaires Culturelles, afin qu’il devienne un espace de création artistique mis à la disposition du public.

A l’ouverture du musée, le ministre des Affaires culturelles, Mohammed Zine El Abidine, a considéré cet espace comme “une fenêtre sur l’art et la culture, et une facette de l’acte culturel qui constitue un lien entre les générations et les différentes expressions esthétiques, pour la réhabilitation de l’art et de la culture dans un environnement régi par l’ambiguïté”.

Il a, en outre, expliqué que “de la création se fait l’accumulation et la communication entre les générations, mais ce qui est important, c’est de combler le fossé afin de réécrire l’histoire et revaloriser tous ceux qui méritent l’attention”.


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