La troupe “Tango Legends” a ressuscité un art né des doléances des Esclaves sur les rives du Rio de la Plata dans deux spectacles, les 21 et 22 octobre, au théâtre de l’opéra à Tunis.

Leur première prestation, lundi soir, a été un voyage merveilleux dans l’univers du Tango, ponctué de partitions musicales et performances chorégraphiques assurées par des duos et des musiciens argentins.

A l’issue du spectacle, l’agence Tap a eu une rencontre avec le célèbre duo Mariela Maldonado et Pablo Sosa, centrée sur l’essence même de la pratique du tango pour ce couple argentin, leader des Tango Legends, et sur l’évolution de cet art à Buenos Aires, ville latine qui a vu sa naissance avec celle de Montevideo en Uruguay.

Le couple est perçu comme étant une légende vivante du tango en Argentine. Sa notoriété, s’est faite en 25 ans de danse ensemble, un long parcours qui n’est pas si commode chez la plupart des danseurs. Dans la danse comme dans la vie, le tango pour ce couple est une histoire de passion entamée depuis l’enfance, quand ils ont commencé à danser ensemble à l’âge de 11 ans.

Pablo Sosa définit le tango comme “une danse qui ne vous laisse pas le choix. Une fois tu as écouté le tango, il n’y en a pas d’échappatoire”. Il voit en la musique de Tango qui accompagne les pas du danseur, une sorte de “révélatrion d’une nostalgie qui donne la chair de poule et une sensation difficile à expliquer”. Une vision qui rejoint celle de son compatriote Enrique Santos Discépolo, célèbre compositeur et poète disparu qui disait “Le tango est une pensée triste qui se danse”.

Tour à tour, le jeune couple évoque cette proximité entre danseurs, homme-femme, qui une fois enlacés, fait sentir au duo le battement de leurs cœurs. “Et c’est un moment assez unique”, insiste émerveillé le jeune homme selon lequel les trois minutes que prenne une seule danse de Tango, sont suffisantes pour que “le couple oublie tout le monde autour pour fondre en une seule âme”.

Le tango pour Pablo Sosa est une question de “passion et de culture. En Argentine, le tango est comme le football au Brésil”. Il assure même que “tout le monde peut danser le tango sans aucune limite d’âge, il suffit juste de le sentir”.

Le tango fait aussi l’identité culturelle et la symbolique de toute une partie de l’Amérique Latine où il est pratiqué, spécialement en Argentine. Mais pour un danseur, le tango demeure “un monde à part”. Le duo argentin rappelle que “le tango est le meilleur”, car il fallait citer le tango parmi d’autres danses folkloriques déjà aussi célèbres chez les peuples latins dont la salsa, la rumba, la zomba, et que le couple dit maîtriser évidemment. Cependant le tango demeure la danse la plus appréciée sinon la préférée pour beaucoup de leurs compatriotes.

Le couple explique cette passion pour le tango par un élément historique majeur. La Capitale Argentine Buenos aires a longtemps été un point de croisements des cultures entre gens venus d’Afrique et d’Europe. Le tissu démographique du pays est une mixture de différentes races et ethnies ce qui a favorisé la naissance de cette danse basée sur l’improvisation avec un partenaire qui guide et l’autre qui suit.

Il était une période où l’on pratiquait plus cette danse. C’était surtout durant près de trois de décennie qui ont vu le déclin du tango en faveur d’une musique occidentale plus en Vogue à l’époque. Le duo évoque celle des Beatles et le rock and Rock’n’roll chez les jeunes de l’époque. Pablo Sosa revient sur plus de trois décennies de déclin du tango, étalées des années 60 jusqu’en milieu des années 90. Mais les 20 dernières années, l’intérêt des jeunes pour le tango ne cesse d’évoluer et de s’élargir. L’introduction de nouveaux rythmes a redonné vie au tango à travers une musique revisitée.

Autour de la place de la femme dans le tango, Mariela Maldonado évoque une danse où traditionnellement l’homme mène le bal et qui est initialement “improvisée et basée sur le langage des corps des partenaires de différentes cultures qui communiquent sans avoir besoin à se parler”. Dans le tango, l’homme devrait impérativement savoir danser, sauf que la femme n’a pas nécessairement besoin de savoir danser. De là, elle explique que la danseuse n’a qu’à suivre son feeling pour être guidée par le rythme de son compagnon de danse. Une situation qui ne s’applique certes pas en milieu professionnel du tango puisque la danseuse est tout comme son partenaire tenue de maîtriser la technique.

Le tango a scellé leur histoire d’amour avec déjà 10 ans de mariage pour ce couple mythique et dont la complicité se joue à plus d’un écart. Chaque réponse de Mariela Maldonado et son compagnon Pablo Sosa est comme la réplique d’un rythme de tango déjà vécu à deux et d’une carrière qu’il se sont forgé et continuent de le faire, créant “un style qui nous est propre à nous”, disent ils en une seule voix.

S’il y a bien un art qui puisse renverser l’équation des mathématiciens, ce serait bien le tango, car comme c’est le cas pour nos deux hôtes “le tango c’est deux personnes qui n’en font qu’une”.


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