Le porte-parole du Tribunal de première instance de Sousse 1, Mohamed Raouf Youssefi, a affirmé, mardi, que le rapport du médecin légiste dont dispose le juge d’instruction en charge de l’affaire du prématuré né au CHU Farhat Hached de Sousse, révèle que le bébé “est né vivant”, et que le dossier “a été manipulé”.

Youssefi a indiqué, dans une déclaration téléphonique à la chaine Nessma TV, que lors de l’interrogatoire, la suspecte [la résidente en pédiatrie ayant examiné le bébé à la naissance et qui a été placée en détention préventive, ndlr], a “reconnu que le dossier a été manipulé, tout en affirmant ne pas être l’auteure des modifications introduites dessus”.

“Le rapport du médecin légiste indique que le corps est celui d’un prématuré, qui a respiré après la naissance, et qui a vécu un moment”, a-t-il déclaré, ajoutant que des changements ont été opérés sur le rapport médical de la résidente lorsque le bébé s’est avéré être vivant. “La mention mort-né a été barrée et remplacée par né vivant; et l’indice relatif à l’activité cardiaque a été changé de 0 à 1”, a-t-il affirmé.

Et d’ajouter: “Le chef de service de néonatologie a expliqué, lors de son audition, qu’il y a eu erreur de diagnostic de la résidente qui a examiné le bébé à la naissance”.

Youssefi a, en outre, indiqué que le bébé est né par césarienne, le 3 février, à 22h40. Il a été pris en charge par la résidente de garde qui l’a réanimé puis mentionné sur le rapport médical qu’il était mort-né.

“Le bébé a alors été mis dans un carton et placé dans le service de gynécologie-obstétrique. Le 4 février, après avoir achevé les procédures nécessaires pour l’inhumation, le père est venu récupérer le corps et s’est rendu compte que le nouveau-né bougeait et émettait des gémissements irréguliers”, a-t-il indiqué.

“C’est alors qu’une autre résidente a ausculté le bébé et déclaré, comme consigné dans un rapport officiel de l’instruction, qu’il était vivant et qu’il a ensuite été placé dans le service de néonatalogie”, a-t-il poursuivi.

Le porte-parole du tribunal de première instance de Sousse 1 a, en outre, insisté que la garde à vue de la résidente a été ordonnée par le juge d’instruction [représentant du ministère public], qui s’est saisi de l’affaire samedi, suite à une plainte déposée par le père du bébé.

Le juge a émis son ordonnance “après s’être déplacé à l’hôpital, constaté l’état du corps, entendu des témoins oculaires; et suite aux auditions effectuées au poste de police”, a-t-il précisé.

Il a en outre, souligné, que “toutes les informations recueillies par le juge d’instruction sont appuyées de documents et de preuves irréfutables”.

La résidente, placée en détention préventive, a été libérée sous caution (600 d), lundi soir.
Elle a été reçue, mardi matin, par la ministre de la Santé, Samira Meraï, qui lui a “exprimé sa sympathie, sa solidarité et ses encouragements à poursuivre son travail pour le bien de la médecine tunisienne”, lit-on dans un communiqué du ministère de la Santé publié sur sa page Facebook.

Meraï avait aussi affirmé, lors d’une conférence de presse, lundi, que l’enquête menée par son département a écarté toute erreur médicale et qu’ “aucune défaillance n’a été relevée” dans ce dossier.

La mort du bébé prématuré du CHU de Sousse a suscité une grande polémique et une vive réaction de l’opinion publique.

Les syndicats des médecins, des pharmaciens et des dentistes hospitalo-universitaires ont annoncé, lundi, une grève illimitée pour réclamer la libération de la résidente de Sousse et d’un autre médecin de Gabès. Ils revendiquent également la soumission du projet de loi sur la non incrimination de l’erreur médicale au Parlement dans un délai d’un mois.


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