Un rapport sur “La violence à l’égard des femmes pendant la pandémie de Covid-19”, élaborée par l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) entre le 16 mars et le 30 avril 2020, coïncidant avec la période de confinement générale en Tunisie, a révélé que la plupart des femmes victimes de violence pendant cette période sont des femmes éduquées, avec plus de 40% des femmes d’un niveau d’études secondaires et environ 28,5% d’un niveau universitaire.

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue, jeudi, et qui a été consacrée à la présentation des résultats de ce rapport, la coordinatrice du comité anti-violence de l’Association, Cherifa Tlili, a expliqué que ce rapport a également démontré qu’environ 75% des femmes qui ont été victimes de violence pendant cette période, souffrent de vulnérabilité économique, 57% d’entre elles sont au chômage, 11,6% exercent une activité professionnelles, tandis que 4,6% sont des travailleuses domestiques.

A cet égard, Tlili a appelé les structures gouvernementales à jouer un rôle qui soit déterminant dans la mise en place de procédures permettant aux femmes d’accéder à leur indépendance économique et de leur accorder les moyens de faire face à la violence à leur encontre, sans craindre de souffrir de la pauvreté.

Elle a indiqué que les femmes âgées de 31 à 60 ans figuraient en tête de liste des femmes les plus exposées à la violence, à un taux de plus de 57%, tandis que le pourcentage de femmes de la tranche d’âge entre 18 et 30 ans étaient d’environ 34%, soulignant que cette violence n’excluait pas les femmes âgées de plus de 60 ans, et les jeunes filles, avec environ 7%, selon le même rapport.

De son côté, la secrétaire générale de l’Association, Neila Zoghlami, a estimé que le rapport révèle les mutations profondes que la société tunisienne subit depuis la période de confinement général et qui a connu l’exposition de femmes éduquées à la violence, ajoutant qu’elles avaient probablement tenté de défendre ses droits, mais se sont heurtées à un manque de coopération des structures intervenantes.

“Cette situation a révélé de manière flagrante que la Tunisie, qui dispose d’un arsenal juridique important dans le domaine de la défense des droits des femmes, dont la loi relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes, n’a pas réussi à assurer la protection nécessaire aux femmes sur le terrain, en particulier en matière de violence conjugale, la forme la plus répandue de la violence, avec 67% selon le rapport”, a-t-elle ajouté.

Elle a rappelé dans ce contexte que la violence conjugale à l’égard des femmes a été multipliée par cinq pendant la période de confinement en 2020 par rapport à 2019, expliquant que la recrudescence de cette violence résulte de l’interruption des services dans les structures de prise en charge des femmes violentées et l’absence d’un circuit clair, et de la longueur et la complexité des procédures relatives à ce type de dossiers.

Zoghlami a dénoncé ce qu’elle qualifié de “laxisme” de la part des structures gouvernementales concernées par la défense des droits des femmes, soulignant que le pourcentage de femmes battues qui étaient dirigées par les institutions étatiques vers les centres de l’ATFD, dépasse les 70%.


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