Ce matin, Baya s’est jointe aux manifestants réunis devant le tribunal de 1ère instance à Bab Bnet (Tunis) en soutien à la jeune fille violée par des agents de l’ordre le 3 septembre dernier. Petit rappel des faits: Après sa plainte pour vol, le juge d’instruction a décidé d’inculper la victime d’atteinte aux bonnes mœurs. En effet selon ses agresseurs, elle aurait été dans une position “immorale” avec son fiancé dans la voiture, ce qui comme chacun sait est une invitation ouverte à un viol collectif (sic)!

Beaucoup de femmes en colère ce matin devant le tribunal mais aussi beaucoup d’hommes venus soutenir la cause et cela a fait chaud au cœur, surtout après les horreurs entendues hier soir lors d’un micro-trottoir. Je vous passe les “elle l’a bien cherché” et “pourquoi elle se trouvait là à une heure aussi tardive” ou l’infâme “qui vous dit qu’elle a été violée? elle a du aimer ça”! A vomir…

C’est là où j’ai sérieusement commencé à me poser des questions sur le mode de fonctionnement du cerveau de certains de mes compatriotes que je n’ose pas qualifier d’animaux parce que cela serait faire une insulte aux animaux. Je n’arrive pas à comprendre cette “inhumanité”, cette incapacité à se mettre à la place de l’autre. et si c’était arrivé à leur sœur?

Il fait de plus en plus chaud mais personne ne pense à partir. Les pancartes sont brandies bien haut, les slogans sont scandés bien fort: “ministère de la terreur, ministère des violeurs”, “le peuple demande justice pour la violée” ou encore “la police nous viole et la justice nous accuse”. Beaucoup de visages connus sont là, Iyed Dahmani, Maya Jribi, Yassine Brahim, Saïd Aïdi…Et qu’on ne vienne pas me parler de politisation d’un fait divers. Ce fait divers parle au nom de tous les autres faits divers passés sous silence, abus et violences de toute sorte et si pour être entendu, il faut politiser, alors politisons. Il ne faut plus se taire et laisser faire.

Slogan et pancarte demandent une justice indépendante. La réponse de la justice est une inculpation officielle de la VICTIME (au cas où vous auriez pu penser qu’il s’agissait des violeurs) d’obscénité ostentatoire préméditée. Voilà. Je m’imagine être à la place de la jeune fille et j’ai juste envie de mourir…

Sonia Bahi Fellah


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