L’islam en Turquie
Selon une enquête réalisée en 2004 par le Wall street journal, 96% de la population turque serait musulmane, répartie entre sunnite hanafite et alévis. L’histoire de l’islam en Turquie remonte au VIIIème siècle.  A cette époque, des nomades d’origine mongole au service d’émirs perses se convertissent à l’islam puis, devenus indépendants, ils commencent vers l’an mil la conquête du nord de l’Inde tandis qu’à la même époque, au Moyen Orient, le petit fils d’un chef de tribu kirghize, appelé Seldjouk, converti à l’islam lui aussi, prend le pouvoir à Bagdad, alors capitale de l’empire arabe, dont il devient le sultan, reléguant le califat à la figuration. Les seldjoukides (nom de la tribu formée par Seldjouk) vont étendre leur conquête à l’Arménie, à l’empire byzantin, fonder le sultanat de Roum sur des terres prises aux grecs…

A partir de là, l’empire ottoman ne va cesser de s’étendre et d’affirmer sa suprématie, montrant l’exemple en sachant moderniser sa société et ses institutions tout en respectant tant la tradition coranique que la pensée européenne. Pionnière en matière de laïcité, la Turquie moderne fondée par Mustapha Kamal Atatatürk près la chute de l’empire ottoman en 1923 est souvent érigée en exemple par nos concitoyens qui y voient la solution de référence pour concilier islam et  république, islam et modernité.

Aujourd’hui, les réformes profondes imposées par Atatürk pour laïciser le pays ont été petit à petit abandonnées pour un retour au religieux : retour de l’islam à l’école et dans le système éducatif, arabisation de l’appel à la prière, retour des confréries religieuses, naissances de partis islamiques, loi répressive sur le blasphème… de nombreux fonctionnaires islamiques tentent de revenir sur les principes laïcs qui avaient fait la gloire de la société turque contemporaine, des salles de prière sont improvisées, et donc non contrôlées par l’État qui gère les mosquées, dans les habitations privées ou les entreprises. Le mythe de la Turquie et de son modèle de société de tolérance a été bien écorné, même si les touristes de tous bords ne semblent pas s’en apercevoir, la Turquie dérive, elle aussi, vers une division entre laïcs, conservateurs islamistes, et alévistes, une confrérie apparentée au soufisme moins pratiquante et plus progressiste que la majorité sunnite.

Florence Pescher


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