amina(AFP) : KAIROUAN — Des militants salafistes tunisiens manifestaient jeudi au tribunal de Kairouan (centre), oĂą la militante Femen emprisonnĂ©e Amina attend, au lendemain d’une action seins nus de ses soutiens, le jugement dans son procès pour port d’un spray lacrymogène.

A Tunis, deux militantes françaises et une allemande de ce mouvement féministe devaient être présentées au parquet à Tunis après avoir été arrêtées mercredi devant le palais de Justice après leur première action de protestation dénudée dans le monde arabe.

Le procès d’Amina Sboui, connue sous le pseudonyme de Tyler, s’est dĂ©roulĂ© dans une ambiance Ă©lectrique, une foule d’habitants scandant dans la matinĂ©e des insultes Ă  l’adresse des avocats de la jeune fille de 18 ans.

Ils ont été rejoints par des dizaines de salafistes jihadistes du groupe Ansar Asharia, notamment le porte-parole du mouvement Seifeddine Raïs, en colère pour avoir été empêché de pénétrer dans le tribunal où un important dispositif de sécurité a été déployé.

“Pourquoi je n’ai pas le droit d’accĂ©der au tribunal?”, a-t-il lancĂ©, “qu’elle aille en enfer” a aussi dit au sujet d’Amina le reprĂ©sentant du principal groupe jihadiste tunisien qui Ă©tait au coeur des affrontements avec la police le 19 mai Ă  Tunis (un mort, une vingtaine de blessĂ©s).

Ses partisans ont scandĂ© alors “Dieu est grand” et “le peuple veut l’application de la loi islamique” face au dispositif policier très important dĂ©ployĂ© aux abords du tribunal.

Dans la salle d’audience, la tension Ă©tait aussi palpable, plusieurs avocats disant reprĂ©senter des habitants de Kairouan rĂ©clamant que les accusations contre Amina soient alourdies.

“Il y avait une volontĂ© de semer le trouble et la sĂ©dition Ă  Kairouan et nous voulons que le dossier soit transfĂ©rĂ© (sur cette base) au procureur gĂ©nĂ©ral, ce n’est pas une histoire de possession de bombe lacrymogène”, a dĂ©clarĂ© Me Hamed El Maghrebi.

ArrĂŞtĂ©e le 19 mai après qu’elle eut peint “Femen” sur un muret proche d’un cimetière Ă  Kairouan oĂą devait se tenir un rassemblement interdit d’Ansar Asharia, Amina a expliquĂ© au juge possĂ©der la bombe lacrymogène pour sa propre “dĂ©fense”.

Ses avocats ont rĂ©clamĂ© un non-lieu, alors qu’elle est poursuivie sur la base d’un dĂ©cret beylical de 1894 qui prĂ©voit des peines de six mois Ă  cinq ans de prison pour dĂ©tention d’engins incendiaires ou explosifs.

“Le juge va probablement rendre son jugement aujourd’hui, dans l’après-midi”, a indiquĂ© l’un des avocats de la militante fĂ©ministe, Mokhtar Janène.

Avant le dĂ©but de l’audience, Mounir Sboui, le père d’Amina, s’est lui dit “fier” de sa fille pour son engagement tout en qualifiant ses actes de “dĂ©mesurĂ©s”.

“Je suis fier de ma fille, cette affaire est en train de se politiser de plus en plus. Elle commet des actes dĂ©mesurĂ©s mais elle dĂ©fend ses idĂ©es”, a-t-il dit.

Amina avait fait scandale en mars en publiant des photos d’elle seins nus Ă  la manière des Femen, recevant notamment des menaces d’islamistes radicaux, selon son tĂ©moignage. Ses proches, sa mère en tĂŞte, la dĂ©crivent comme une dĂ©pressive chronique suicidaire.

La Tunisie, dirigĂ©e depuis la fin 2011 par un gouvernement dominĂ© par les islamistes d’Ennahda, dispose de la lĂ©gislation la plus libĂ©rale du monde arabe concernant les droits des femmes mais l’Ă©galitĂ© n’y est pas consacrĂ©e.

L’opposition et les associations fĂ©ministes militent pour l’inscription de l’Ă©galitĂ© des sexes dans la Constitution en cours d’Ă©laboration et accusent rĂ©gulièrement Ennahda de remettre en cause les acquis des Tunisiennes.

Par ailleurs, le pays est confrontĂ© depuis la rĂ©volution de janvier 2011 Ă  l’essor de la mouvance jihadiste responsable de plusieurs vagues de violences

Ennahda avait fait scandale durant l’Ă©tĂ© 2012 en proposant que la future loi fondamentale Ă©voque la “complĂ©mentaritĂ©” des sexes, un projet abandonnĂ© depuis.

Dans le dernier brouillon du projet de Constitution, datĂ© d’avril, l’article 6 stipule que “tous les citoyens et citoyennes ont les mĂŞmes droits et devoirs”.

L’article 42 souligne que l’État protège “les droits de la femme et soutient ses acquis (…) garantit l’Ă©galitĂ© des chances entre la femme et l’homme (…) et garantit l’Ă©limination de toutes les formes de violence Ă  l’Ă©gard de la femme”.

Source : AFP


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